Cités provisoires de l’après seconde guerre mondiale, charnière d’une société moderne.Master recherche Histoire de l’architecture et de ses territoires,

Mémoire sous la direction de Gilles-Antoine Langlois et Catherine Bruant, Septembre 2012

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Avant- propos


Le logement a toujours été, en plus d’être un besoin vital et une nécessité, un gage de rang social, d’appartenance à la société, une image de la « bonne morale ». Les questions de logement, de quotidien ou de statut social sont inextricablement liées ; une recherche autour de la notion d’habitation implique donc inéluctablement une étude approfondie des moeurs et des habitudes de toute une population à une période donnée, en tenant compte de nombreux paramètres extérieurs tels que la situation politique, sociale, urbaine, les avancées techniques, etc. Les recherches autour d’un sujet ne peuvent donc pas être exhaustives, mais elles doivent être pluridisciplinaires et prendre en compte toutes les variables susceptibles de modifier tout ou partie du sujet.
Une des caractéristiques première qui vient à l’esprit, lorsque l’on évoque le domaine du logement, est la pérennité, la durabilité. Non pas l’ancrage des habitants, qui, eux, restent plus ou moins mobiles suivant les époques. Plutôt la stabilité des constructions dans le temps et la solidité physique des matériaux.
Le foyer est le lieu qui protège (des intempéries, des agressions, etc.) mais aussi qui inscrit ses habitants dans un contexte social. Dans certaines situations, lorsque les logements d’un nombre important de foyers se voient détruits, il faut faire des choix et réduire l’habitation au minimum, ou plutôt à l’essentiel.
La seconde guerre mondiale et la période de reconstruction qui s’en suit, entrent dans ce cas de « situation particulière », où l’Etat s’impliquera spécialement afin de trouver des solutions à grande échelle pour la mise à l’abri des sinistrés.
Alors, dès 1940, des hypothèses sont mises à l’étude d’abord par le gouvernement de Vichy, puis par les instances de la IVème République, pour reloger de manière urgente les millions de sinistrés ayant perdu leur logement dans les bombardements. On opta alors pour le provisoire, terme qui devint presque la norme durant les premières années de la reconstruction.
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Dans la conception de ces baraques, formant de véritables cités, les caractéristiques habituelles des bâtiments définitifs s’effacent au profit de matériaux pauvres et de techniques de construction et de montage simples et rapides.
Pour l’Etat, le choix est clair : ces cités ne sont qu’une « période-tampon » permettant la mise en place de la reconstruction définitive qui marquera l’avancement de la France dans le monde moderne. Mais il n’en a pas vraiment été ainsi et cette période provisoire, conçue pour disparaitre, marquera, un peu plus que prévu, les mémoires.
Je n’essaierai pas, ici, de retracer une histoire du logement provisoire de l’après-guerre exhaustive, mais plutôt d’appréhender un caractère particulier du logement à une époque donnée et d’en comprendre les relations de cause à effet probable entre un type de logement et une manière de vivre.
Dans un premier temps, je me suis appuyée sur des bases architecturales et urbaines plus faciles, pour moi, à appréhender, pour ensuite les mettre en perspective grâce à une approche sociale plus empirique. La question essentielle de cet écrit découle du paradoxe qu’il y a entre des données très factuelles comme des plans, des coupes, des documents d’archives, des ouvrages d’Histoire, et d’autres plus subjectives comme des documentaires, ou des interviews d’anciens habitants et un phénomène relativement récent de ravivement du souvenir par de nombreuses associations d’anciens habitants ou de passionnés.